Fête le 15 janvier et le 19 juillet
Saint Séraphim de Sarov est un des saints russes les plus connus et les plus populaires, non seulement parmi les orthodoxes, mais aussi parmi beaucoup de chrétiens d’autres confessions. Son vrai nom Prokhore Mochnine,fils d’un briquetier entrepreneur en bâtiment de Koursk (500 km au Sud de Moscou).Il naît le 19 juillet en 1759 et entre au monastère de Sarov à l’âge de vingt ans, où il reste jusqu’à sa naissance au ciel en 1833.Divers faits miraculeux lui sauvèrent la vie. Il tomba du haut d’une église en construction et se releva indemne. Lorsqu’une maladie faillit l’emporter à l’âge de 10 ans, il fut guéri miraculeusement lors d’une procession de l’Icône Notre-Dame de Koursk.Toute sa vie il y vécut une intimité avec Dieu et un amour indéfectible à l’égard de ses proches.
Âgé de dix-huit ans, en compagnie de quelques amis qui ont entendu le même appel que lui, il part à pèlerinage à Kiev pour y prier auprès des reliques des saints de la Petcherskaïa Lavra. Il va demander conseil aussi au starets Dosithée qui le dirige vers l’ermitage de Sarov.Il a vingt ans quand,ayant renoncé à son héritage paternel et fait des dons aux pauvres,il quitte définitivment sa ville natale,muni seulement d’un petit sac,d’un baton et emportant comme unique trésor la croix de cuivre avec l’aquelle sa mére l’a béni et qui ne le quittera jamais.Il entra au Monastère de Sarov, où il devint rapidement un modèle d’obéissance et de vertus monastiques. Avec joie et bonne humeur, il s’acquittait de toutes les tâches les plus fatigantes pour le service des frères, jeûnait pour vaincre les élans de la chair, et gardait jour et nuit son intelligence fixée dans le souvenir de Dieu par la prière de Jésus.
La seule tentation grave dont il soit fait mention pour lui est celle de la tristesse, du désespoir. Il la surmonte en persévérant dans la prière et acquiert ainsi la paix. Cette paix ne le quitte pas pendant une maladie dont il souffre pendant trois ans sans jamais se plaindre, sans vouloir appeler de médecin, en s’abandonnant » au seul vrai médecin du corps et de l’âme, Notre Seigneur Jésus Christ et à sa sainte Mère « . C’est de nouveau après une apparition mystérieuse de la Mère de Dieu qu’il est guéri. Celle-ci lui adresse les mêmes paroles qu’il avait entendues déjà pendant sa maladie d’enfance : » Celui-ci est de notre race… » Peu de temps après sa guérison, le jeune moine part comme pèlerin pour quêter des dons en vue de la construction d’une église dans l’enceinte du monastère.
Peu de temps après son ordination sacerdotale et la mort de son père spirituel, il obtint la permission de se retirer en solitaire, dans la forêt profonde, à 6 – 7 kilomètres du monastère, et de se construire une petite cabane en bois entourée d’un jardinet, sur une colline qu’il nomma la « Sainte Montagne » (Athos). Il y restait toute la semaine, ne rentrant au monastère que les dimanches et les jours de fêtes, et passait tout son temps dans la prière, la lecture et les labeurs corporels agréables à Dieu. Chacune de ses activités lui était une occasion d’élever sa pensée aux choses de Dieu. Il ne connaissait rien de profane, ni de charnel, et il supportait avec patience les rigueurs de l’hiver et les assauts des insectes de l’été, heureux de partager ainsi les souffrances du Seigneur pour la purification de son âme. Il portait continuellement un gros Evangile attaché sur son dos, comme le « fardeau du Christ », et il se rendait dans les endroits de la forêt, auxquels il avait donné les noms de lieux saints : Bethléem, le Jourdain, le Thabor, le Golgotha ; afin d’y lire les péricopes correspondantes. Il vivait ainsi intensément chaque jour, la vie même et la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ. La méditation continuelle de la Sainte Ecriture ne lui donnait pas seulement la connaissance de la vérité, mais elle lui procurait aussi la pureté de l’âme et la componction du coeur, de sorte, qu’en plus de la récitation des Offices Divins aux temps fixés et de ses mille prosternations quotidiennes, il pouvait prier sans relâche, l’intelligence unie au cœur. Il se nourrissait d’abord du pain fourni par le monastère, puis des seuls produits de son jardin; mais il se privait bien souvent de sa pitance pour la distribuer aux animaux qui aimaient venir près de sa cabane, en particulier à un ours énorme, devenu aussi docile qu’un chat.
Un événement, qui faillit lui coûter la vie, illustre bien le caractère du « misérable Seraphim » (ainsi qu’il se définissait lui-même) :
En septembre 1804, il fut agressé à son ermitage par trois brigands (issus d’un village voisin) qui voulaient le voler (lui qui ne possédait rien !). N’ayant rien trouvé, ils le battirent et le laissèrent pour mort, avec une fracture du crâne, et plusieurs côtes cassées.
Plus tard, les brigands ayant été retrouvés, le père Seraphim qui avait été ramené au monastère s’opposa formellement à ce qu’ils soient châtiés, il demande aux autorités de gracier ses persécuteurs, menaçant même de quitter le monastère si on leur infligeait un châtiment. Il leur a pardonné lui-même et cependant il a le sentiment d’être le dernier des pécheurs. On peut deviner seulement la lutte intérieure avec les puissances du mal qui se poursuit dans son âme. Le signe extérieur de cette lutte est le renouvellement par le saint de l’exploit des stylites. Debout sur un rocher, dans la foret, élevant les mains au ciel, il prie pendant mille nuits, répétant sans cesse les paroles du péager : » Seigneur, aie pitié de moi, pécheur » (Luc 18, 13).
Néanmoins, après cet incident, son higoumène ne l’autorisa plus à retourner à son ermitage, et c’est dans le monastère de Sarov qu’il vécut les années suivantes.
Même s’il recevait parfois quelques visites, comme tout moine et tout ermite, ce n’est qu’à partir de 1822 (il avait alors 63 ans) que sa renommée se répandit. Il fut alors continuellement assailli de visiteurs : fermière du voisinage, militaire, moine, pèlerin, prince, prêtre, femme du monde, haut dignitaire de l’église, commerçant, tous venaient, par centaines, et se pressaient autour de lui, pour le questionner, pour l’entendre, pour le voir.
Et que voyaient-ils ? Un petit vieux, « tout blanc, tout ratatiné, tout sec aux yeux bleus » et au sourire « incompréhensiblement radieux ». Un petit vieux qui recevait chaque visiteur par ces mots « Bonjour, ma joie », et encore « Christ est ressuscité ! »
Cependant, son don de préconnaissance et ses conseils n’étaient pas les seules causes de la popularité du Père Seraphim : beaucoup de malades venaient le voir et obtenaient par ses prières des guérisons dont les plus spectaculaires furent celles de Mikhaïl Mantourov (qui permit plus tard la création du couvent féminin de Diveïevo), et de Nikolaï Motovilov (avec qui il eut un long entretien qui, ayant été consigné, est considéré comme un des sommets de la spiritualité orthodoxe).
Dans la nuit du 1er au 2 janvier 1833, quoique l’on fût dans le « temps de Noël », on l’entendit chanter les hymnes de Pâques, notamment le tropaire de la résurrection .
Ce furent ses dernières paroles. Il fut trouvé au petit matin dans sa cellule, agenouillé devant une icône de la Theotokos comme en prière, mort. Beaucoup de miracles suivirent sa mort. Le peuple accourut pour le prier. Séraphim avait promis de prier pour ce peuple russe qu’il aimait tant, prosterné devant le trône du Très Haut.